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2024-01-27La salle à manger de Sainte-Beuve
2024-01-27Carrache (Lodovico Carracci)
Louis Carrache naquit à Bologne en 1555. Dans ses premières années 3 il ne laissa apercevoir qu'un esprit lourd et lent à concevoir. Il semblait plutôt appelé à broyer les couleurs qu'à en faire usage. Il reçut les premières notions de l'art dans sa patrie sous le Fontana , peintre bolognèse. Il passa ensuite à Venise et étudia sous le Tintoret. Ces deux maîtres rebutés par son peu de dispositions y lui conseillaient d'embrasser une autre profession y et ses compagnons étaient dans l'usage , par dérision, de le désigner par le nom de Bœuf.
Il ne se laissa point décourager par les obstacles. La lenteur de ses progrès , au lieu d'être en lui l'effet d'un esprit borné , venait au contraire d'une pénétration profonde. Il voyait que l'idéal dans la peinture était Fécueil où tous ses contemporains s'étaient brisés; pour l'éviter , il ne s'attachait qu'à la nature; il cherchait à se rendre compte à lui-même de chaque ligne et pensait que le meilleur parti à prendre pour un jeune homme était de ne prétendre à bien faire que lorsque le bien faire lui fût passé en habitude et que cette habitude pût l'aider à faire vite. Telle est au moins l'interprétation que donne Lanzi à la manière dont il parut agir dans sa jeunesse.
Il avait étudié à Bologne les ouvrages des plus célèbres peintres nationaux ; à Venise , il s'attacha à l'étude du Titien et du Tintoret. Il vint ensuite à Florence , et polit son goût en méditant les ouvrages d'André del Sarto , et en écoutant les conseils du Pasignano. Le séjour qu'il y fit était à cette époque où l'Ecole Florentine penchait vers sa décadence.
Il fut témoin des disputes interminables qui s'élevaient chaque jour entre les partisans de l'ancien style et ceux du nouveau ; et ce fut par cette lutte qu'il apprit à connaître quels sentiers on avait suivis pour détériorer l'art ? et ceux qu'il fallait prendre pour le relever. L'on était alors bien loin de soupçonner que ces discussions l'aidaient à poser les bases de la réforme > et pour n'être pas encore aperçues , elles n'en étaient pas moins déjà les fondemens solides du monument qu'il se proposait d'édifier à la peinture. Alors les meilleurs élèves florentins , pour faire trêve à la languissante manière de leurs maîtres, s'étaient attachés aux exemples laissés» par le Corrège
et il est présumable que ce fut à leur imitation que Louis quitta Florence pour Parme , et qu'il y étudia tout à-la-fois et ce célèbre chef et le Parmesan. Il revint enfin à Bologne 9 et quoiqu'il y fût bien accueilli et regardé comme un bon peintre 9 il sentit à merveille qu'un homme de son caractère ne suffirait pas pour combattre une école entière 3 si , à l'exemple de ce que le Cigoli avait fait à Florence , il ne se formait à Bologne un parti parmi la jeunesse.
Il en chercha les chefs dans sa propre famille. Il avait un oncle nommé Antoine ^ tailleur de profession j père de deux garçons qu'il élevait sous ses yeux , doués l'un et l'autre de si grandes dispositions pour le dessin y que Louis répétait souvent dans sa vieillesse , que pendant les longues années de son magistère 5 il n'avait jamais eu d'élèves qui les eussent égalés. Ils se nommaient Augustin et Annibal. Le premier étudiait l'art de l'orfèvrerie , profession qui y dans tous les tems , fut la pépinière des fameux graveurs ; le second y destiné par son père au métier de tailleur , l'aidait déjà dans ses travaux. Ces frères étaient de caractères et de goûts opposés , et cette différence les rendait presque ennemis. Augustin versé dans la littérature , ne fréquentait que les savans. Il cultivait toutes les sciences ; il était à-la-fois philosophe , géomètre poète. Son commerce était agréable et poli , sa conversation spirituelle 3 ses réparties fines , et ses manières au-dessus de la condition populaire dans laquelle il était né. Annibal ? au contraire ,bornait toute son instruction à savoir lire et écrire. Son caractère un peu sauvage le portait à la taciturnité f et quand par hazard il était forcé à parler , il se montrait déprédateur , caustique , méprisant et railleur.
Galerie du Musée Napoléon, Armand Charles, 1762-1822; Lavallée, Joseph, 1747-1816 ; Filhol, Antoine Michel, 1759-1812
Phot. Wiki
La flagellation (1590) musée de la Chartreuse de Douai.
Emilian School, 17th-century - Portrait of Ludovico Carracci