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2023-04-17Marta Cywińska : Les traducteurs sont d’éternels amoureux
Les traducteurs sont d’éternels amoureux. Ils donnent rendez-vous aux mots avec des images, aux images avec des gestes. Ils soupirent d’avoir trop avoué en peu de mots, d’avoir précipité les choses : soubresaults des vers ou des lignes qui ont trop attendu. Ils défendent et attaquent en même temps avec une survitesse émotionnelle qui les dépasse ( même au moment où ils savent encore souffrir). Cylindres, fuseaux, cônes, colottes sphériques et sphères et pourquoi pas sentiments ? Je ne les accuse pas, ne les conseille pas, il n’y a que des coups de tonnerre et des clignotements d’yeux qui ne laissent pas immortaliser sur le papier ou sur la toile.
Les amoureux sont d’éternels traducteurs. Ils viennent après pour être avant, ils promettent avant pour trahir après. Ils promettent des images aux mots et des mots aux femmes qu’ils n’aiment plus. Je les accuse, mais je n’ose pas les conseiller. Pétales de roses, princes charmants, déclarations à l’aube et au crépuscule en face d’abréviations et l’emploi des anglicismes.
Mais en même temps, les traducteurs sont toujours mes chevaliers ; ils ont toujours ma confiance en poésie et en prose, comme d’ailleurs en art et en musique. Peut-être suis-je trop naïve en meublant mon coeur d’étagères pleines de poèmes que personne n’osera jamais traduire ?
Marta Cywińska
Phot. Pixabay
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